Une lueur d'espoir [PV Chloris] (17/06/2018)

J’étais heureux de voir avec quel vigueur Chloris s’est relevée, drapant sa nudité dans sa grande dignité et faisant face à un homme qui était membre du conseil territorial et chef d’une harde de sa propre espèce animale de naissance. Pourtant elle fût debout devant lui à croiser et tenir son regard encore et encore tout en soutenant qu’il n’y avait pas beaucoup d’albinos comme “elle” justement.

Il répondit de façon sèche et avec beaucoup d’assurance lui aussi. C’est ce que je craignais à la base en venant, qu’il ne la prenne pas au sérieux. Toutefois, il avait aussi raison sur un point, il avait de l’expérience. De ce que j’avais compris, il avait longtemps voyagé à travers tout le Japon et depuis qu’il était garde-forestier, il était intervenu dans tous les forêts, même celles de la région de Fukushima. Je ne doutais donc pas finalement en y pensant avec soin qu’il avait dû voir plusieurs albinos aussi. S’il lui avait demander sa forme humaine, je pense que c’était pour vérifier une ressemblance physique avec des gens qu’il avait connu.

J’étais néanmoins très fier de cette petite qui finalement avait beaucoup de caractère lorsqu’elle voulait et n’avait pas peur de mettre les pieds dans le plat. Elle n’était donc pas forcément timide en toute circonstance et peut-être bien qu’elle saurât se débrouiller dans ce monde. C’est alors que j’ai songé un instant au regarde de Shikamori-san. Il était en train de la jauger et d’essayer de voir quelque chose en elle sans doute. J’ai commencé à me demander alors s’il ne réfléchissait pas à la faire rejoindre sa harde tôt ou tard, ce qui n’était pas impossible. Tous les cerfs de la région étaient avec lui, alors si elle ne le faisait pas, elle serait isolée de sa communauté cervidé.

Il nous lança alors une information comme ça. Les parents de Chloris étaient emprisonnés pour une raison obscure. Il nous parla rapidement de français en la toisant du regard avant cette révélation plus que soudaine. Il ne s’est épanché sur aucune autre vérité ou fait quelconque pour nous aider, un peu comme pour me dire à moi que si j’étais un bon limier, je saurais me débrouiller avec seulement ça.
Ne vous en faites pas Shikamori-san. Le fait que ce soit un couple de français arrêté pour meurtre est plus que suffisant pour moi pour les trouver où qu’ils soient sur terre maintenant.

Je me suis tourné très vite vers Chloris, guettant une réaction de tristesse. Pour éviter cela, je l’ai pris par les épaules tout en mettant un genou au sol pour me mettre un peu plus à sa hauteur et la regarder droit dans les yeux, face à face.

John ▬ Ne t’en fais pas Chloris. Il n’a pas l’air, mais il m’a donné largement plus d’informations qu’il n’en faut maintenant pour savoir qui ils sont et où ils sont.

Je me relevais pour ensuite nous diriger doucement dans les bois tout en réfléchissant avant de percer à nouveau le silence.

John ▬ Je ferai mes recherches dès demain au sujet de tes parents. Je ne tarderai pas à trouver tout ce dont nous avons besoin pour les trouver. Et ne t’en fait pas. S’ils sont en prison, ce ne sera pas compliqué de les faire sortir.

Ce changelin cerf… En plus d’être désagréable, il est impolie ! Me regardant d’un air suffisant il décide de ne pas nous laisser entrer tout en me précisant, avec certitude, qu’il a vu de nombreuses biche et également des albinos. Cela m’étonnerais fort, malgré sa remarque lourde et tranchante, qu’il connaisse beaucoup de biche albinos portant des yeux violets… Rouge peut-être ou même bleu mais la couleur violette au sein du regard, même pour une enfant albinos reste encore bien plus rare que l’albinisme lui même. Je continue à le fixer, le suivre du regard, mais ne daigne pas donner une seule réponse au sujet de ça remarque. Je bouillonne déjà bien assez, je n’ai pas envi de monter crescendo vis à vis de notre discussion pour laquelle je n’avais pas étais préparée alors le silence fut la meilleure des réponses. Dans tous les cas, cet homme horripilant aurait trouvé le moyen de me préciser qu’il en avait quand même vu et bien plus que je ne le pense, pas besoin de s’enfoncer dans un débat sans fin.

Il finit par se tourner face à M. Smith, ne me regardent plus du tout comme pour me pour me montrer de l’ignorance, et lui annonce alors qu’avec mes manières je devais forcément être une française. Sur ce point il n’a pas tort, dans la logique de ma langue naturelle je suis forcément une française mais pour lui ce n’est pas cette langue qui lui a fait penser à mes origines, je ne me suis pas exprimer une seule fois en français, mais bien mon caractère et ma suffisance. J’eu un petit sourire en coin, il parle de suffisance, il ne c’est pas regardé apparemment ! Puis je fini par me sentir un peu mal de ma manière de penser, ce n’est pas dans mes habitude… Vraiment pas et je dois me ressaisir à tout prix. Ce n’est pas de cette façon que les autres souhaiterons m’aider ni m’adresser la parole. Chloris, calme toi !

M. Shikamori finit par fermer la porte derrière lui, en tout impolie qui se respecte, tout en lançant cette bombe de manière nonchalante… Mes parents… En prison !? Je n’en reviens pas d’entendre ça. Je reste bouche bé face à M. Smith puis, lorsque l’homme cerf, précise la raison de l’emprisonnement, quelque chose résonna en moi.

Chloris  ▬"Un homme... Tué…"

Chuchotais-je la main sur le font.

Puis des images par bribe entourées de brume :  du sang, un petit corps au sol, trois adultes face à moi, un homme qui me crie de courir, de m’enfuir…

Lorsque je reviens à moi, mes mains plaquées contre ma boîte crânienne, c’est un M. Smith flou que j’entre aperçois face à moi, me tenant fermement les épaules. Il venait de me dire avec enthousiasme quelque chose… Mais je n’en sais rien… ces images, ces bruits, cette frayeur, on pris le dessus bien trop longtemps pour que je puisse l’entendre. Je fronce les sourcils, essayant de faire passer cette migraine et ce brouillard pour enfin revenir entièrement à moi, ou du moins, du mieux que je peux pour continuer à converser.

Chloris  ▬“Je… Désolé M. Smith je… Je n’ai pas entendu ce que vous venez de me dire”

Je me frotte le haut du front, essayant tant bien que mal de me remettre en état, fermant les yeux et repensant à ces images étranges qui venait de me submerger.

Visiblement la petite Chloris n’arrivait pas à attendre ce qu’a dit d’une façon aussi brutale mon très estimé collègue du conseil territorial. Elle était restée là à répéter ce qu’il a dit, comme si son cerveau n’arrivait pas à passer à autre chose et s’était bloqué sur le fait que ses parents avaient manifestement tué quelqu’un. Des changelins tuant un humain n’est pas forcément courant, sans pour autant être un sujet choquant, mais pour une petite aussi fragile qu’elle, ce n’était vraiment simple que d’arriver à attendre cette situation comme une vérité.

J’essayai en vain de me faire comprendre d’elle et de lui dire que ce n’était que partie remise et qu’il ne faudrait sans doute pas longtemps pour arriver à trouver ses parents et à les faire sortir de prison, mais c’était perdu d’avance. Elle était bloquée sur ces dernières informations et se tenait la tête.

J’ai alors pensé que par chance elle était peut-être en train de revivre l’évènement traumatique qui l’avait conduit à perdre la mémoire ou plutôt à l'enfouir profondément en elle jusqu’à aujourd’hui. Peut-être que cela allait pouvoir déverrouiller son esprit et faire remonter à la surface son passé oublié depuis déjà bien longtemps. Si ces parents ont tué un humain, c’était peut-être pour la protéger elle d’un danger. Ce sont des cerfs et étant albinos, elle est très visible, peut-être qu'un chasseur lui a tiré dessus et qu'ils ont décidé de le tuer pour l'empêcher de l'achever ou quelque chose du genre. Je n'ai pas pensé à regarder son pelage en détail ou dans sa chevelure si elle portait les traces d’un coût de feu ou d’un traumatisme crânien grave.
La voyant nue devant moi, je pouvais juger qu’elle n’avait pas de cicatrices apparentes qui aurait pu être le signe d’un coup de feu précédant pourquoi pas une chute, mais je le lui demanderai à l’occasion.

Elle arriva soudainement à articuler quelques mots pour m’avertir qu’elle n’avait pas suivi la conversation. C’était bien normal. Je lui ai souri tendrement.

John ▬ Ce n’est pas grave Chloris. Ce n’est pas grave. Ce qui compte maintenant c’est de rentrer à la maison et de vous reposer un peu. Venez.

Je me redressais un peu pour adopter ma posture droite me caractérisant tant avant de jeter un regard vers la fenêtre où je vis mon collègue qui nous regardait. Je lui fis un petit signe en pinçant le bord de mon chapeau avec deux doigts avant de passer ma main dans le dos de Chloris pour la tourner vers les bois et commencer à partir en marchant doucement.
Pas besoin de revenir ce que j’ai dit à Chloris avant. Je ferais mes recherches dès ce soir et je lui en parlerai à nouveau lorsque j’aurais toute l’histoire entre mes mains, sans quoi, cela ne sera d’aucun intérêt pour elle. Ce qu'elle veut à l'heure actuelle, ce sont des réponses et non pas des hypothèses. Je m’assurerai donc que tout soit sans l’ombre d’un doute connus avant de lui en parler.

Je savais bien que Seto n’était pas un tendre, mais je pense que c’est une façon de tester la petite, sinon il n’aurait pas regardé la scène depuis la fenêtre. Je pense qu'il aimerait pouvoir l'ajouter à sa harde pour la protéger, mais il ne veut pas de changelins faibles pouvant présenter un danger pour les siens. C’est pour ça qu’il faudra que je fasse attention à elle pour le moment. Sa volonté de demeurer auprès d’un vampire n’est pas forcément une chose qui sera facile à gérer au regard du conseil territorial et encore plus pour Seto. Il faudra à l’occasion que j’en sache plus sur la nature de sa relation avec monsieur De la Roche. Mais pour l’instant, il valait bien mieux lui changer les idées et attendre qu’elle retrouve assez de fougue pour rentrer sous nos formes animales.

John ▬ Dites-moi Chloris, je crois pas que nous en ayons déjà parlé, mais une changeline de votre âge devrait déjà avoir une deuxième forme depuis quelques annéesis quelques années. Y avez-vous déjà réfléchi ?

La journée méritait de se finir pour elle sur une note plus légère et comme j’avais déjà emmené Farah au zoo de Kozakai pour qu’elle puisse choisir et recueillir du matériel génétique d’espèces qui pourraient l’intéresser. Certes c’était aussi pour moi l’occasion d’enquêter, mais j’étais heureux de contribuer à ça.
Le but du Fior Nadur est d’être un sanctuaire pour les changelins voulant se trouver un endroit sûr où rester aussi longtemps qu'ils le souhaite si cela est un besoin, mais étant donné que j’ai déjà beaucoup d’expérience, c’est aussi une occasion d’instruire une jeunesse parfois bien ignorante de nos coutumes.

J’ai encore du mal à retrouver mes esprits. Le visage entre les mains, regardant M. Smith entre mes doigts, j’essaye tant bien que mal de me redresser et de me réveiller. J'esquisse un léger sourire, suite à ce qu’il finit par me répondre, avant acquiescé et de le suivre en titubant et en secouant la tête. Cette expérience m’a vraiment retournée, jamais je n'aurais imaginé retrouver une partie de mes souvenirs en flash, et encore moins que cela serait si douloureux. M. Smith, sûrement inquiet, pose une main dans mon dos et m’aide à me diriger vers la forêt. Mon regard est encore brouillé, je le dirige vers l’homme qui m’a mise dans cette état en me parlant mes parents, et lui fit signe de la tête, comme une petite révérence, pour ne pas paraître impoli, avant de reprendre ma forme animal. Seulement M. Smith m'arrêta dans mon élan, il se posait sûrement cette question depuis un moment et trouva ce moment propice pour me le demander : Quel autre forme animal souhaiterais-je avoir ?

Voici une question très intéressante et auquel je n’avais pas encore réfléchi malgré ses explications passés. Je me sens un peu stupide ne pas y avoir pensé plus tôt, il m’avait pourtant parlé longuement et à de nombreuses reprises mais rien ne m’était venu en tête jusque là. Certainement parce que je n’en ressentais pas le besoin… Je suis une biche depuis tellement d’années que je n’ai pas pensé une seul fois à ressembler à autre chose… pour moi être une biche est l’essence même de ce que je suis et au fond il m’est impossible de me sentir autre chose que biche seulement… Il me faut bien évoluer, ne serait-ce que pour mon bien ou celui de mon entourage… il me faut être capable de me défendre ou de m’enfuir plus facilement en cas de danger. Que pourrait bien être ma nouvelle forme animal ?... Une question bien difficile à répondre directement et sans y réfléchir longuement ou à tête reposé. Et si je prenais la forme d’un animal plus petit, plus souple, plus agile… Je n'aimerais pas être une prédateur du moins un gros prédateur risquant d’être dangereux pour qui que ce soit et puis ma forme biche est bien assez grande et encombrante pour ajouter une autres forme impressionnante. Pourquoi pas un écureuil ? très agile, petit et passant inaperçu, cela pourrait s'avérer m’être utile, ou un renard ? ou même un oiseau majestueux… Je n’est que peu d’idée mais je peux au moins lui donner ce qui me viens et peut-être m’aidera-t-il à me décider.

Chloris ▬“Je… je ne sais pas encore, j’avoue ne pas m’être penché sur le sujet depuis notre dernière discussion le concernant mais… peut-être qu’un petit animal agil, me permettant d’être plus discrète et de m’enfuir plus facilement ne serait pas une mauvaise idée… Que me conseillez-vous ? Un écureuil ? Un renard ? Un oiseau ?”

Je me redresse alors pour prendre plus d’allure et lui montrer que je me sens mieux. Je n’ai en effet plus aucun symptôme de ce qui c’est passé précédemment, plus de douleur, plus de tête qui tourne, plus de brouillard. Je lui souris, fermant les yeux pour rendre ce sourire plus lumineux, puis je me détacha de lui pour me tourner un peu plus loin face à la forêt.

Chloris ▬ “Un animal qui existe naturellement ici, qui ne soit pas choquant, car je serais déjà bien voyante avec ma couleur peu commune”

J’ai tourné légèrement mon visage dans sa direction puis lui ai fait un petit clin d’oeil comme pour lui faire comprendre que ma réponse visait également la situation précédente.

J’arrivais à redonner le sourire à la jeune fille avec ce nouveau sujet tandis que nous nous enfonçâmes dans les bois en direction de Nakanoto pour rentrer. Cet épisode étrange de flottement qu’elle a eu commençait à sembler peu à peu bien loin de nous maintenant. Elle eut même une sorte de mouvement comme pour retourner saluer Seto alors qu’il était rentré depuis déjà un moment, comme si le temps et les événements immédiats qu’elle avait vécu n’avaient pas eu lieu. Cela me fit penser alors qu’il pouvait s’agir d’une remonté de quelques souvenirs passés, mais pour l’heure, je n’allais pas m’y intéresser. Si elle veut en parler, elle m’en dira davantage.

Elle n’avait jamais pensé à une seconde forme, mais en réalité, avec la façon dont elle a de se percevoir, ce n’est pas très étonnant. Pour l’instant, ce n’est pas une changeline, ni une jeune femme. Elle a autant de souvenir qu’une enfant en un sens, mais surtout, elle ne dispose que de souvenir remontant à son état de biche et ne se voit surement que comme une biche avant tout comme elle a su me l’expliquer lors de notre rencontre. C’est donc un cas vraiment très atypique en réalité.
Il faut que j’arrive à lui faire comprendre que son identité est celle qu’elle décidera d’adopter, après tout on a le droit de se voir comme on le veut, je ne suis pas fermé aux différentes mouvances actuelles. Toutefois, je suis peut-être un peu vieux jeu de penser que nous venons au monde avec une identité sexuelle et raciale à la base bien qu’on puisse choisir la voie qui nous correspond le mieux. Mais nous restons changelins avant d’être humain et il faut qu'elle puisse voir d'un peu plus prêt ce que cela peut supposer d'être un changelin.

Elle commença à évoquer les possibilités, mais si elle n’y avait jamais pensé, alors ce n’étaient là que des idées venues rapidement seulement. Il y aurait beaucoup de possibilités, même pour camoufler son état d'albinos comme la grue du japon qui irait parfaitement bien dans la région avec ces petits lacs, étangs et rivières ou fleuves.

John ▬ Et bien il y a quelques possibilités c’est certain mais...

J’ai invité la jeune fille nue à s’assoir auprès de moi sur une vieille souche d’arbre pour pouvoir lui raconter une histoire, lui transmettre mon point de vue.

John ▬ Voyez-vous Chloris, ma grand-mère me racontait toujours une histoire. Sa sœur avait eu un accident en volant et s’est prisé une aile et par conséquent le bras en volant dans une forêt. C'est là qu'elle est tombée sur un loup qui l'a contre toute attente, accompagné à la sortie du bois avant que la nuit ne tombe. C’est là qu’elle a su que sa seconde forme serait celle d’un loup. Elle disait depuis qu’un changelin authentique ne choisissait pas ses formes à venir, mais laissait la nature lui montrer sa nature.

J’esquissais alors un sourire en repensant à ma grand-mère décédée il y a bien des années maintenant, mais qui m’avait tant transmis. Avec le recul, évidemment que beaucoup de ses histoires sont à prendre avec beaucoup de pincettes, car tenant beaucoup de la fable.

John ▬ Bien entendu, je ne dis pas qu’il faut faire comme ça. J’ai choisi personnellement le faucon comme seconde forme car c’était la forme de ma mère et qu’elle élevait des faucons pèlerins. C’est un rapace petit et vif qui détient le record de vitesse en piqué, chose qui m’a séduite. Quant à la forme d’un rat. J’avoue que c’est par pragmatisme pour ma vie d’espion. Ce petit animal est de loin une force inarrêtable de la nature pour peu qu’il soit patient, capable de ronger de l’acier s’il le faut.
Ce que je veux dire en sommes Chloris, c’est qu‘il faut avant tout que vous vous retrouviez dans l’animal.

Ce n’était sans doute pas le genre de réponse qu’elle voulait entendre à nouveau, mais c’est un choix très personnel dans lequel je ne m’immiscerai pour rien au monde. Je nous relevais dans le même mouvement pour reprendre notre route jusqu’à ce qu’elle soit apte à se transformer à nouveau et faire route jusqu’au parc de Nakanoto où elle avait laissé ses vêtements.

M. Smith, après m’avoir invité à m'asseoir sur une vieille souche d’arbre, m’explique son point de vu pour faire le choix d’une seconde forme animal.

Commençant par relater l’histoire de sa grande tante vis à vis de son choix pour la forme du loup, qui est un choix logique lorsque l’on écoute bien toute l’histoire, y compris ses détails les plus sordides, et que de ce point de vu ce n’est pas à nous de choisir notre nouvelle apparence animal mais la nature qui fait ce choix pour nous, comme si ce choix était tout simplement le destin de chaque changelin qui existe sur cette terre. Suite à cela, il finit par me préciser que ce n’est pas forcément l’idée final de son explication mais plutôt, que je doit me retrouver en l’animal que je vais nouvellement prendre. Tout cela pour me faire comprendre, je suggère, que je ne dois pas avoir de décision à la hâte, cette seconde forme reste importante pour la suite de mon évolution et je dois pouvoir en tirer le maximum d’avantage et m’y sentir comme lorsque je suis une biche, moi même !

Je réfléchis alors à ce que je pourrais bien avoir de plus intéressant auprès des animaux que j’ai dans mon répertoire cérébral… L'écureuil me plait vraiment dans l’idée, je serais petite, silencieuse, bien moins voyante malgré ma couleur naturelle qui sera certainement toujours blanc, agil, à bondir d’arbre en arbre, et beaucoup moins intéressant pour les chasseurs… mais qu’en est-il des animaux volant nocturne ? cela pourrait avoir un grand intérêt pour ce qui est du déplacement en pleine nuit, même celle qui ne comporte pas de lune… Une chauve-souris ou une chouette, un hibou… J’espère vraiment que, si mon choix se porte sur la chauve-souris ou la chouette, je n’aurais pas une forte envi de dévorer des mouche ou des petits rongeurs inoffensifs… peut-être que l’idée des prédateurs n’est vraiment pas la meilleure pour moi...

Chloris ▬“Hum… je comprends qu’il faut que je réfléchisse longtemps avant de faire mon choix final, mais alors !... Si je prends par exemple la forme d’un prédateur… même le plus petit, aurais-je une soudaine envi incontrôlable de me nourrir des petites proies qu’il est censé dévorer ?”

Il me faut vraiment le lui demander… Je ne pense pas pouvoir avoir ma décision final tant que je n’aurais pas de réponse à cette inquiétude… Un renard, une chouette, un hibou ou une chauve-souris… tous sont des animaux qui mon toujours fasciné… le petit hic est que ce sont des prédateur, carnivore, omnivore ou insectivor dans tous les cas ils mangent d’autres êtres vivant… Mais ! Qui suis-je pour juger alors qu’au final ? quand on y réfléchis bien, je mange également des êtres vivants les végétaux qui me nourrissent son vivant, ou l’on était… Mais l’idée de la chaire animal dans ma bouche me rebute fortement…

J’écoute avec attention sa réponse, le visage crispé, puis finit par oser lui dire :

Chloris ▬ “Si cela ne vous dérange pas j’aimerais y réfléchir encore un peu avant le choix final… Comme vous avez si bien expliqué, ce ne doit pas être fait à la légère, il me faudra donc un peu plus de temps avant d’être décidé.”

Je lui souris puis me relève de cette souche, qui commence à me faire affreusement mal aux fesses, grâce à son aide d’une main tendu. Malgré tout, les vêtements humains ont bel est bien leur intérêt, comme nous protéger de l’agression naturel lorsque nous sommes en contacte avec les végétaux par exemple.

Nous sommes alors repartie dans la forêt pour ensuite prendre notre forme animal afin de regagner le lieu où j’avais laissé mes vêtements au plus vite, pour me rhabiller sous forme humaine, et poursuivre le chemin tranquillement sans choquer les autres de ma nudité total.

Qu’avait-il bien pu me dire sur mes parents ? J’ai beau essayer de m’en souvenir cela ne me reviens pas et je n’ose pas lui redemander… Et ces flash ? Je suis certaine que cela venait de bribes de souvenir mais… serait-ce judicieux de lui en parler ? Peut-être plus tard, lorsqu’il finira par me dire comment retrouver mes parents, le soucis est… que je n’ai aucune idée de comment le lui présenter, ce ne sont que des morceaux de puzzle, non ! même pas des morceaux de puzzle, juste des miettes, des bouts d’images que ne semblent rien dire...

La question de la jeune Chloris n’est pas idiote, après tout elle n’y connait juste pas grand-chose sur notre peuple et les effets d’une nouvelle forme sur le caractère. Le fait est que cela peut arriver en effet que l’on soit un peu influencé par notre forme animale lorsqu’on se trouve sous cette dernière, car tout passe comme un faisceau étrange de perceptions et de réactions étranges et soudaine.

John ▬ Je ne vais pas vous mentir chère Chloris, il est possible que vous ressentiez parfois certaines envies soudaine lorsque vous serez sous votre forme le temps de la maîtriser totalement, mais jamais au point de faire quelque chose que vous ne voudriez pas. Sinon, nous aurions des tueurs en série pour chaque prédateur et ce n’est pas le cas. Regardez, après tout je ne suis pas méchant et pourtant ma forme de naissance est tout sauf pacifique.

Je n’ose imaginer à quoi ressemblerait le monde si les changelins étaient tous sous l’influence d’instincts incontrôlables à cause du choix de leurs formes supplémentaires, voir même de leur forme de naissance. Il y a des pulsions et des instincts, c’est certain, mais rien que notre conscience ne puisse totalement réprimer.
Il est tout à fait possible que certains d’entre nous se laissent aller à leurs pulsions, mais cela à mon sens représente autant un choix conscient que n’importe quel autre.

Il faudra surement qu’elle se fasse au nouvelle environnement Umwelt qui viendra avec la forme qu’elle choisira lorsqu’elle l’aura choisi. Une biche a un très fort odorat certes, mais il y a par exemple une très nette différence de capacité visuelle pour peu qu’elle choisisse une chouette ou un rapace par exemple, une chose pour laquelle il faut parfois du temps pour s’y habituer. Il m’a fallu quelques temps pour arriver à vraiment bien utiliser cette faculté de zoom avec le cristallin, propre aux rapaces. Il en ira de même avec tout un tas d’autres choses.

Comme elle le dit elle-même, avec une juste déduction sans doute orientée grâce à ma petite histoire, il ne faut pas choisir ses autres formes sans y réfléchir avec un très grand soin.

John ▬ C’est une bonne chose que d’y réfléchir et de prendre le temps qu’il vous faut pour cela. C’est un choix qui engage à vie, à ma connaissance, aucun changelin n’a jamais réussi à changer de forme une fois celle-ci assimilée. Lorsque vous aurez une idée, je serais là si vous sentez le besoin d’un coup de main pour vous aider à l’obtenir.

Nous parcourûmes assez rapidement la distance nous séparant de la ville à travers les bois même si le rythme fût beaucoup moins effréné qu’à l’aller, la nouvelle ayant quelque part un peu détruit notre enthousiasme.

Une fois arrivé à l’orée de la ville nous prîmes à nouveau nos formes humaines et je laissais Chloris se vêtir de ses vêtements laissés là plus tôt dans la journée.

John ▬ Désolé que nous n’ayons pas eu toutes les informations que vous auriez souhaitez avoir Chloris, mais je vous recontacte très vite lorsque je saurais davantage.

Je saluais la jeune fille pour la laisser dans le parc. Elle allait sans doute vouloir rentrer au plus vite à la demeure de monsieur De la Roche qui l’accueillait chez lui. Je parais mon visage du plus beau et confiant des sourires dans le but d’effacer l’amertume qui pouvait être encore présente et me montrer réconfortant.