Bella notte [20-21/06/2018]

Les paroles d’Arcand-kun se voulaient réconfortant mais elles n’eurent pas vraiment l’effet escompté. Je me contentais d’hocher la tête, pour acquiescer. Je n’avais pas envie de continuer cette conversation. D’ailleurs, il ne continua pas là-dessus. Apparemment, il voulait juste conclure avec une espèce de « mot de la fin ». Il réfléchit quelques instants avant de me lancer sur le sujet des jeux vidéo. Comment m’était venu cette passion, hein ?

Daisu ▬ « Oh… C’est une passion que m’a transmise mon père. Il travaillait dans une entreprise qui se lançait dans la production de jeu vidéo. C’était tout raison à l’époque. Il travaillait dans l’informatique. Il n’avait jamais fait ça auparavant mais il s’est dit, pourquoi pas. Alors, quand j’étais plus jeune, il me montrait sur quoi il bossait quand ça sortait.

On pourrait dire que ça vient de là, mais… Par tout à fait. Au départ, je voulais me lancer dans la programmation aussi. J’étais parti pour faire des études là-dedans mais… J’ai jamais eu l’occasion. En fait, j’avais un autre projet aussi : Visiter le Japon, en entier. Mes parents se sont démerdés pour mettre de côté. Et quand j’ai réussi avec brio ma dernière année, mon père a pris une année sabbatique pour qu’on parte en voyage tous les trois. On a commencé à partir vers Tokyo. On est ensuite remonté jusqu’à Sapporo. Puis on est redescendu, il nous restait le Sud de l’île à visiter avant de revenir à Kyoto. Sauf que ça s’est pas déroulé comme prévu.

On s’est fait attaqué, alors qu’on campait non loin de la ville. Mes… Je… C’est cette nuit-là que j’ai été transformé. On a été attaqué par des vampires et j’ai été sauvé par mon Alpha. Là… Bah, il a fallu d’abord m’apprendre à me contrôler. Puis, bah… J’ai jamais repris d’études.

Comme j’pouvais pas non plus rester sans rien faire, j’ai cherché une idée. Un truc que je pouvais faire. J’ai eu l’idée d’ouvrir une salle d’arcade. Il me restait une partie de l’argent de mes parents, j’ai investi et… Voilà ! J’ai eu mon chef moi et mon boulot. »

Je finis ma phrase en montrant mon appartement, d’un geste de la main.

Daisu ▬ « Et à quoi je joue pour le moment ? Euh… »

Il me fallu quelques secondes pour réfléchir. Je me levais du canapé pour me diriger sur la télévision. Normalement, il y avait toujours quelques boites de jeux qui trainaient dans le coin. En général, c’était à ça que je jouais. Ah ! Voilà ! Hyrule Warrior sur Switch et Detroit: Become Human sur PS4. Je pris les deux jeux pour les montrer à Nathan.

Daisu ▬ « Voilà, actuellement, je joue à ça. J’ai déjà fini Detroid mais je refais une autre partie avec d’autres choix, pour voir. L’histoire diffère légèrement, c’est sympa à découvrir. Pour Hyrule Warrior, je suis en train de découvrir petit à petit le mode histoire. »

Je posais ensuite les boites sur la table basse et je me dis qu’il n’était pas question que je sois le seul à parler de moi, ce soir.

Daisu ▬ « Et toi ? Comment tu en es arrivé à faire les études que tu fais ? »

J’écoute avec attention mon bon jack. Visiblement changer de sujet lui fait du bien, cela me rassure. Je vois bien à son regard que ce n’est pas encore la grande joie, mais qu’au moins la tristesse n’est plus aussi pesante qu’il y a quelques instant.
Ainsi il a commencé à s’intéresser aux jeux vidéos petit. Ca explique pourtant il y a autant de bornes d’arcades vintage dans sa salle. Il doit avoir des souvenirs merveilleux avec son père autour du sujet … Il doit lui manquer aussi, ce que je crois n’appréhender qu’en surface, n’ayant pas encore pu nouer ce genre de lien avec le mien. Peut-être en aurais-je l’opportunité un jour ? Quoiqu’il en soit, ce n’est clairement pas avec mon père biologique que j’aurai pu avoir ce type de moment.
La programmation, ça doit être un métier enrichissant, même si pas forcément facile à cause de l’attention et du soin qu’il faut y mettre. Pas eu l’occasion ? Oh … Faire le tour du Japon avant de commencer ses études ? J’avoue que le projet est superbe. J’aimerai bien le faire aussi, un jour. Mais pour ça il va falloir que je termine d’abord mes études, et que je réunisse suffisamment de yens pour pouvoir me le permettre. C’est pas gagné encore. Ses parents, à l’entendre en parler, étaient vraiment des gens géniaux prêts à beaucoup, si ce n’est tout, pour leur fils. Kûdo-kun a donc déjà visité la moitié du pays avec ses parents.

Je comprends mieux pourquoi il n’a jamais fait ses études de programmation au final. Il a tout perdu et c’était comme si c’était une autre vie pour lui … je suppose du moins. Néanmoins c’est dommage qu’il ne soit pas aller au bout de ce qu’il souhaitait faire avant. Ca devait peut-être trop lui rappeler ses parents … J’imagine que ce n’était pas facile à vivre pour mon divin jack. C’est donc comme ça qu’il en est venu à avoir sa salle d’arcade. Beau parcours, même si sa transformation doit être le pire moment de sa vie, puisqu’il a tout perdu ce jour-là.
Avant même que je puisse reprendre la parole, je le regarde se lever du canapé et aller jusqu’à la télévision. Il revient avec deux boîtes de jeux. Je connais les jackets mais j’avoue n’y avoir jamais joué. Pourtant j’ai la Switch, donc je pourrai au moins pour Hyrule Warrior.

« Ils ont l’air sympas à jouer. J’avoue que je ne les connais pas, je connais assez peu de jeux vidéo en fait. J’y joue de temps en temps, mais je n’ai pas énormément de temps avec les cours. »

Le pire c’est que c’est la vérité. Quand j’arrive à me dégager du temps libre, c’est pour m’entrainer au Parkour seul, ou avec Kûdo-kun la plus part du temps. Comment j’en suis arrivé à faire mes études d’animation ? C’est … tellement bateau par rapport à lui.

« Moi ? Er … je regardais beaucoup d’anime petit. Mes parents adoptifs n’étaient pas souvent là, mon frère aîné était dans l’armée, il n’avait pas de temps tellement à me consacrer. Ma grand-mère travaillait encore à cette époque. Quand je rentrais de l’école, ou de mes entrainements, je me mettais devant la télé. Je regardais Dragon Ball ou Saint Seiya, mais aussi One Piece et Ranma ½. Il y en avait plein,  à chaque fois j’avais l’impression de m’évader … je m’imaginais avec mes personnages préférés vivants des aventures passionnantes en étant à ma place.
Et puis, ma grand-mère m’a emmené voir Totoro, qui était rediffusé dans le cinéma de la ville, j’avais tout juste 6 ans. J’ai été … totalement transporté dans le film. C’était tellement magique. Après, ma grand-mère m’a aidé à convaincre mes parents adoptif de me faire prendre des cours de dessins. Je voulais dessiner comme Miyazaki, raconter des histoires merveilleuses comme lui. J’ai vu tous ces films, et pleins d’autres aussi comme « Le garçon et la Bête ».

Dessiné est vite devenue une passion, mais aussi ma bouée. Je ne me suis jamais vraiment senti à ma place avec mes parents adoptifs. Le dessin me permettait d’imaginer d’autres endroits, d’autres personnes où je serai chez moi. En grandissant, je me suis renseigné pour voir quelles études je devais faire pour pouvoir offrir un moment magique à d’autres enfants qui sont comme je pouvais l’être à l’époque. Il y a de très bonnes écoles au Canada et aux USA mais … j’avais besoin de m’éloigner de mes parents adoptifs. Et c’était l’occasion ou jamais de venir au Japon, le berceau de Miyazaki. J’ai passé le concours d’entrée à l’université de Nakanoto, pour leur cursus Cinéma d’animation, et j’ai eu la chance d’être pris.

Alors je suis bien moins utopique qu’avant, je sais qu’on est beaucoup à vouloir faire ce métier, mais qu’il y en a peu qui en on réellement la chance. Mais je me dis que si j’y arrive, et que j’arrive à faire sourire ne serait-ce qu’un seul enfant qui ne se sent pas bien avec les dessins que j’aurais fait pour l’animé … Ca voudra dire que tout n’est pas si mal je crois. »

J’ai conscience que tout ça sonne parfaitement niais … Pourtant c’est vraiment ce que je pense. Peut-être que c’est juste pour me rassurer, et me dire que je ne suis pas aussi seul que je le ressens.

« Tu vois, c’est assez bateau comme raison au final. Ca se trouve je vais finir comptable à jouer avec les chiffres parce que je n’aurais pas pu entre dans un studio d’animation. »

Je tourne ça un peu en dérision mais … j’ai peur que ça ne soit le cas. Ou pire que mes parents adoptifs arrivent à m’obliger à rejoindre leur secte là … Celle de ma mère biologique, l’Ordre Renfield. Rien que d’y penser j’en ai froid dans le dos.

Je fis des yeux ronds. Il connaissait peu de jeux vidéo ? Mais il fallait absolument remédier à cela ! A partir de maintenant, on allait réserver une de nos rencontres pour faire une session de jeux ! Non mais ! Et puisqu’il était là ce soir, on allait en profiter de suite ! Enfin non. Peut-être pas. Il fallait être raisonnable et l’heure ne l’était pas. Si j’allais me coucher à cinq heures du mat, j’allais un tout petit peu le regretter.

Daisu ▬ « Et bien, on va arranger ça ! Je pense que je vais te donner des cours de jeux en plus des cours de parkour ! »

J’avais lancé ceci plus sur le temps de la blague mais j’étais tout de même un peu sérieux. Avoir un ami avec qui jouer de temps en temps, cela me changerait un peu. Il y avait pas mal de jeux solos dans ma collection. Mais j’avais aussi quelques jeux multijoueur. Et clairement, ce genre de jeux seul, c’était pas aussi fun.

Il commença à répondre à ma question. Et je compris assez vite que son histoire n’était pas des plus roses. Il avait été un peu délaissé par ses parents, plus jeunes. De ce que je comprenais, ils étaient très pris. C’était peut-être un homme et une femme d’affaires. Dans tous les cas, il passait le temps à regarder des animes. Comme moi, sa passion lui était venue très jeune. Il était aussi agréable de voir qu’il avait réussi à se lancer là-dedans jeune et qu’il avait, du coup, pu continuer ici au Japon. Aussi parce qu’il avait besoin de prendre ses distances avec sa famille adoptive. D’ailleurs, je me demandais s’il connaissait ses vrais parents mais j’osais pas poser la question. Un poil trop personnel, je pense. Enfin, je trouvais déjà la réponse qu’il me donnait assez intime aussi. En tout cas, en l’écoutant, j’avais vraiment envie qu’il réussisse. Il blagua même un peu. Au moins, il était réaliste.

Daisu ▬ « C’est un beau projet. C’est tout le mal que je te souhaite. Pas de devenir comptable, qu’on soit d’accord. La compta, c’est tout sauf la joie. Et je sais de quoi je parle !

Ceci dit. Je crois que tu as d’autre possibilité avant de passer directement à la comptabilité. Je crois qu’il y a pas mal de domaine où tes capacités artistiques pourraient servir. Illustrateur, peut-être. Ou encore dans le web design. Certes, ce n’est pas vraiment ce que tu recherches mais je pense que cela pourrait te permettre de réaliser ton rêve. »

Bah oui. On parlait de films à la base. Mais illustrer des livres pour enfants pouvait mener à ce résultat. Après, je pouvais comprendre qu’il n’en ait pas forcément envie. Mais, dans ma tête, cela sonnait quand même drôlement mieux que comptable.

Malgré tout, j’avais l’impression qu’Arcand-kun se plongeait dans une certaine tristesse.

Daisu ▬ « Nathan-kun… Ça ne va pas ? »

J’esquisse un léger sourire lorsqu’il affirme qu’il va me donner des cours de jeux vidéo. Il ne va pas être dessus du voyage, j’en ai peur. Il faut dire que sortis de The Witcher, The Elder Scroll et The Legend of Zelda … j’en connais aucun. Et encore même dans ces trois licences, je n’en ai que très peu. J’ai passé beaucoup de temps de jeux dessus en revanche, mais c’est juste un moyen pour voir les designs et m’échapper de ma vie. Heureusement, je sais que mon bon jack a une patience en or, et puis c’est un bon prétexte pour passer du temps ensemble en plus. Même si là, je ne sais pas trop où je vais bien pouvoir trouver le temps.
Je ris un peu lorsqu’il affirme que la compta c’est tout sauf la joie. Je le crois sur parole, ce n’est pas quelque chose qui me fait rêver. Ces propositions, quant aux plans B possibles avant d’atterrir au désespoir de cause, sont justes. Honnêtement, elles m’ont traversés l’esprit au début de mon cursus. En revanche, je ne sais pas si ça ne risquerait pas de me frustrer par rapport à ce que je rêvais initialement comme métier. Il sera toujours temps de voir cela le moment venu … en espérant ne jamais y arriver.
Je ne peux m’empêcher de rougir lorsque Kûdo-kun m’appelle par mon prénom pour la première fois, et de me sentir honteux lorsqu’il me demande quelque part ce qui ne va pas. Je suis bête, il a dû s’apercevoir que j’appréhendais vraiment de ne pas y arriver … à moins que ça ne soit à cause de mes pensées concernant mes parents adoptifs. C’est lui qui a besoin de réconfort, moi … moi j’ai appris à vivre ainsi. J’ai l’habitude. Je me passe une main à l’arrière de la nuque, cherchant mes mots. Je ne veux pas l’embêter avec mes problèmes, encore moins ce soir. En même temps, je refuse de lui mentir.

« Si, ça va. Enfin … pour être vraiment honnête non. Mais ne t’en fait pas Daisuke-kun, c’est rien. Juste … de l’inquiétude pour l’avenir. »

Je vois bien à son regard qu’il a du mal à cerner les raisons. Qu’il souhaiterait en savoir plus, sans pour autant oser me le demander. Je peux probablement lui en parler, du moins de certains points. J’ai pas la force de tout dire, c’est déjà tellement compliqué à gérer pour moi … alors je n’ose même pas imaginer pour quelqu’un qui n’aurait pas toutes les clefs.

« Tu sais … je t’admire Daisuke-kun. Tu sais qui tu es et d’où tu viens. Tu es indépendant, courageux, volontaire et surtout libre. J’aimerai être comme toi, ou du moins avoir un dixième de ton courage.
Pour faire simple, mes parents adoptifs font partis d’une organisation qui est plus du domaine de la secte à mes yeux qu’autre chose. Au départ je pensais que c’était juste un ensemble de gens totalement illuminés, mais après avoir vu et vécu tout ce qui se passe ici … je crois que ce sont juste des fanatique. Un peu comme dans les guerres de religion, ils se sentent investis d’une mission divine.

Ça fait deux ans maintenant qu’ils veulent que je les y rejoigne. Ils sont tellement pris par elle, que … qu’ils n’ont même pas encore remarqué que j’étais partis à l’autre bout du monde pour mettre de la distance entre eux et moi. Et vu que je ne suis pas encore tout à fait majeur par chez moi … ils peuvent très bien décider de m’y faire entrer de force.
Mais surtout rassure-toi, d’ici quelques mois ça ira mieux normalement. Je serai majeur, donc ce problème n’existera plus. »

J’espère ne pas l’avoir ennuyé avec cela, ni l’avoir encore plus inquiété d’ailleurs. Il n’a vraiment pas besoin de cela mon divin jack. Je lui souris doucement. Dans le fond … ça me touche et me plaît qu’il s’inquiète comme ça pour moi. Mes espoirs ne seront peut-être jamais comblés de ce côté-là, mais peut-être qu’il me laissera être au moins un ami. Je souhaiterai plus, mais je préfère me contenter de ce que Daisuke-kun m’offrira.

« Gomen de t’avoir inquiété Daisuke-kun. »

Je me suis pas trompé. Il y avait bien quelque chose qui le dérangeait. Enfin, il faut dire que mon odorat aidait un peu. Ça j’allais pas lui dire. Enfin, vu qu’il savait ce que j’étais maintenant, peut-être qu’il s’en doutait un peu. D’ailleurs, je ne savais toujours pas comment gérer ça. J’étais à la fois inquiet et content. Il connaissait mon secret et il n’était pas parti en courant. Mais le fait de savoir le plongeait un peu plus dans le surnaturel. Et le surnaturel était dangereux, surtout ces derniers temps. Cela me fit penser à la nouvelle que ‘Ka-san m’avait apprise il y a encore quelques minutes. Non, ne pas penser à ça, Dai. Focus sur Nathan-kun !

Pour revenir à mon – je crois bien que je pouvais utiliser ce mot maintenant – ami, je ne voulais pas lui forcer la main. Bien que, franchement, ma curiosité était piquée, là. Franchement, il aurait pas pu répondre plus vague. Toutefois, je me dis que s’il avait envie de m’en parler, il le ferait. Et il devait surement me faire confiance vu qu’il reprit la parole. Et, je sais pas pourquoi. Mais je sentais que cela n’allait être une histoire agréable à entendre. Les premiers mots sonnèrent comme… Je n’avais pas de mots pour définir ça. C’était pas joyeux, en tout cas. C’était ma seule certitude. Il m’annonçait de but en blanc qu’il était adopté, que ces parents faisaient partie d’une secte et qu’ils voulaient l’enrôler. Et il voulait dire quoi par « avoir vu et vécu tout ce qu’il se passait ici » ? J’avais peur de devoir comprendre ce que je devais comprendre. Parlait-il de Renfield ? Non, je devais me faire des illusions.

En tout cas, je comprenais ce qui lui faisait maintenant sur le cœur. Il avait pris les précautions pour s’éloigner de cette histoire. Mais il avait toujours une épée au-dessus de la tête qui pouvait lui tomber dessus à tout moment tant qu’il ne serait pas majeur. En tout cas, je ne comptais pas le laisser seul avec ses problèmes. Pas maintenant qu’il m’avait fait confiance et qu’il m’avait partagé ses craintes. Il s’excusa aussi de m’avoir inquiété.

Sans attendre, je passais ma jambe sur le canapé et je m’avançais vers lui pour passer mes bras autour de sa taille. Avec ma force, mais douceur, je l’attirais vers moi pour le caler contre mon torse. Je lui posai mes lèvres sur ma joue et je m’allongeai dans le divan.

Daisu ▬ « Pas besoin de t’excuser. Merci de me faire confiance. Toi, ne t’inquiètes plus pour ça. Maintenant que je suis au courant, je ne compte pas les laisser. Même si je dois demander à Senpai de t’enfermer dans une des cellules des Chevaliers. Ils n’ont pas le droit de t’imposer ça si tu n’en as pas envie. »

Nous restâmes ainsi pendant un moment, dans un silence partagé. Il restait des échos des inquiétudes et des craintes que nous avions. Mais nos étions aussi un peu dans une bulle assez agréable. Et j’étais, finalement, plutôt content qu’il sache pour moi. Au bout d’un moment, je rattrapai mon téléphone pour jeter un petit coup d’œil à l’heure. Erf… Il faudrait peut-être penser à aller dormir un peu. Mais je n’étais pas sûr d’être en état pour l’instant. Je me sentais, pour le coup, pas trop fatigué. La faute aux émotions, si on peut le dire ainsi.

Daisu ▬ « Tu voudrais aller dormir un peu ou tu voudrais continuer à discuter ? »

Je laisse Daisuke-kun passer l’une de ses jambes sur le canapé, pensant qu’il a seulement besoin de changer de position. Sauf qu’il passe ses bras autour de ma taille et m’attire contre lui, me calant contre son torse. Je sens ses lèvres contre ma joue et puis … plus rien. J’sais pas … il peut se passer n’importe quoi autour, ça n’a plus aucune importance.
Je … je suis réellement dans ses bras ? Je ne me suis pas endormis et je ne rêve pas ? Oh là là ! Mais heureusement qu’il ne peut pas voir mon visage contre lui ! Comment est-ce qu’il peut faire pour être aussi doux et gentil comme ça bon sang ?! Il … il ne voit pas que je suis en crush sur lui ? Ou alors … est-ce que j’aurai peut-être une chance ? Non non non. Daisuke-kun n’avait pas l’air tout à l’heure à penser à ce genre de chose. Pourtant … pourtant là j’suis bien dans ses bras, contre lui. Je n’ose plus bouger, je n’en ai même plus envie de toute façon, jamais.
Je l’entends me parler à nouveau. Il me remercie de lui faire confiance. Si seulement j’arrivai à tout te dire Daisuke-kun … Ne plus m’inquiéter. Je crois que c’est impossible pour moi pour le moment. Même lorsque je serai majeur, et que ce problème sera réglé, il y a tellement d’autres sujets qui peuvent le remplacer en un claquement des doigts. M’enfermer dans une cellule ? J’étouffe un petit rire contre son torse. L’idée est séduisante s’il est avec moi.

« Tu sais que ce n’est pas possible hein ? Et puis je ne sais pas qui est ton Senpai, et je doute qu’il te laisse faire, même si c’est pour une bonne cause. Mais … merci Daisuke-kun. »

Je ferme les yeux et inspire profondément son odeur. C’est un mélange de l’odeur de la forêt, avec celle du musc. A son image en fait, à la fois douce et forte. Agréable et rassurante à la fois. Je me sens … en sécurité en fait. J’aimerai que cet instant ne se termine jamais. Que je puisse en profiter éternellement. Pourtant, au son de sa voix, je sais qu’il doit avoir une fin. Pourquoi le temps ne peut-il pas s’arrêter ? Pourquoi est-ce qu’il est aussi cruel ? Je sais que je ne peux pas être avec lui … que je n’ai pas cette chance. Que je ne l’aurai peut-être même jamais.
Est-ce qu’un jour, quelqu’un voudra bien de moi ? Ça commence à faire beaucoup de gens dans le cas inverse. Qu’est-ce qui se passerait si jamais Daisuke-kun me rejetait ? Ou même ma famille biologique, une fois que je l’aurai retrouvé ? Qu’est-ce que je ferai dans ce cas ? Sans le faire exprès, je laisse couler quelques larmes. Il attend une réponse de ma part …

« Il … il faudrait que je dorme. J’ai encore cours demain matin, assez tôt. Et tu as besoin de repos aussi, tu travailles demain, n’est-ce pas ? Mais je n’en ai pas envie de dormir. J’ai même pas envie de bouger.
Dit-moi, Daisuke-kun, honnêtement. Est-ce qu’il y a une petite chance, qu’un jour, tu passes outre le fait que je ne suis pas immortel contrairement à toi ? Est-ce que je peux espérer, ou est-ce qu’il vaut mieux que je me fasse une raison pour ne pas perdre ton amitié ? »

Ma voix se meure dans un murmure, mais je ne doute pas qu’il m’a entendu quand même. Son ouïe est forcément bien meilleure que la mienne. Mais qu’est-ce que j’espère en demandant ça moi ? S’il me répond que je n’ai aucune chance je fais quoi ? Je ne sais même pas comment je réagirai si c’est le cas. Il faudra déjà que je m’écarte de lui, que je quitte le cocon de ses bras. Mais en attendant, je veux profiter encore un peu de sa chaleur et de son odeur. Rien d’autre ne compte pour le moment.

Il laissa échapper un petit rire. Ça faisait plaisir à entendre. J’avais l’impression qu’il était tellement mal en point en cet instant. Et moi en vrai, j’étais pas mieux. Cette soirée. Dire que ça devait être tranquille. Enfin, sans oublier mes états d’âmes. Parce que n’oubliais pas, à l’instant, que je tenais dans mes bras un p’tit gars qui faisait me faisait tout doucement craquer. Enfin, là, c’était clairement le cadet de mes soucis. Surtout avec tout ce qui avait été dit.

Ouais, il était pas possible de t’enfermer. Senpai ne serait pas vraiment d’accord. S’il était là, il aurait trouvé la solution à notre problème. Il est réfléchi, intelligent. J’avais l’impression qu’il avait toujours réponse à tout. Que c’était un roc inébranlable. Pas étonnant qu’il fut à la tête d’une telle organisation. Il fallait au moins ça. D’un côté, je ne l’enviais pas. Quand je pensais aux responsabilités qu’il devait avoir… Moi, j’étais certain de m’écrouler dessous au bout de trois jours. Un modèle à suivre. Mais que peu peuvent prétendre égaler.

Il était vrai que Nathan-kun ne savait pas qu’il était. Devais-je lui dire ? Non, je sentais bien qu’il avait pas la tête à ça. Son visage était enfui contre me torse et ses mains étaient agrippées à mes vêtements, comme s’il ne voulait pas me lâcher, au risque de s’effondrer. Jamais des émotions, à l’odeur, m’avait paru aussi évidente. Ça sentait le désespoir. Une odeur horrible, s’il fallait demander mon avis. Clairement, il avait soit besoin de dormir, soit besoin de parler.

Il me répondit. Dormir. Enfin, il faudrait. Oui, c’est vrai que tu avais cours demain. Et moi. Bah, j’avais deux casquettes. Tenir la salle d’arcade et celle de Chevalier. Cela me prenait pas mal de temps. En tout cas, si tu n’avais pas envie de bouger, on pouvait très bien rester là pour la nuit. J’avais déjà dormi dans le canapé. Ce n’était pas une nuit supplémentaire qui allait me tuer.

Il continuait à parler. Mais je devais maintenant tendre l’oreille tellement sa voix n’était qu’un murmure. Pourtant, c’était une question qui m’était adressé. Et quelle question… Mon cœur rata un battement. J’avais peur de mal comprendre. Avec douceur, je relevais sa tête. Je pouvais voir ses yeux rougis retenir des larmes. J’étais en partie ma faute. Il était… Tombé amoureux de moi ? Et moi, je me débattais pour ne pas tomber moi aussi. Mais là, je flanchais. Je savais ce que mon cœur aller endurer. Je le sentais venir. Pourtant, en cet instant, je crois que je m’apprêtais à resigner pour un tour. Mais j’étais déjà mordu. Je l’appréciais. Sa perte me serait déjà fatale. Comme celles de mes amis… Sawa, Rum… Il était déjà trop tard.

Lentement, je posais mes lèvres sur les siennes. C’était un peu chaste. Innocent, même. Mais, en cet instant, cela répondait parfaitement à la question. Cela ne dura qu’une seconde, voire peut-être deux. Je me reculais alors pour le regarder dans les yeux.

Daisu ▬ « C’est déjà trop tard. Te perdre me fera terriblement mal. Parce que je commence à tenir à toi. »

Oui. Il était trop tard. Alors pourquoi ne pas saisir l’occasion et profiter. Ne pas penser à ce qui allait fatalement arriver. Laisser enfin mes sentiments sortir au lieu de les refouler au loin. Foutus sentiments… C’était bien parce qu’ils semblaient réciproque que je me laissais succomber. Bordel… J’allais encore me faire cuisiner par ‘Ka-san…

Je sens le cœur de Daisuke-kun louper un battement, avant de s’emballer dans sa poitrine. Je n’ose pas bouger. Parce que cela peut à la fois signifier une bonne chose, et une terriblement mauvaise. Pourtant je ne résiste pas lorsqu’il me releva la tête en douceur. Je retiens les larmes qui menacent de tomber, ce qui fait que je le vois flou à travers.
De toute façon qu’est-ce que je peux y faire, moi, si j’étais en crush sur lui depuis notre première rencontre ? Si j’attendais nos sessions d’entrainement au parkour, comme l’on attend un date ? Si je rêvais d’avoir un jour la chance d’être à ses côtés ? Si j’envie ceux qui avait cette place, tellement fort que j’en ai mal au cœur ? J’ai conscience que je suis égoïste là, terriblement égoïste même. Parce qu’il ne changera jamais, il sera toujours aussi beau et désirable. Alors que moi … Au bout du compte, il souffrira quand je ne serais plus là. Enfin, si j’ai une petite chance.

Le silence entre nous s’éternise, et lâchement, je préfère regarder son torse à travers mes larmes. J’ignore ce qui se passe dans sa tête, ce qu’il pense de ma question. Il doit chercher ses mots pour me répondre, sans pour autant faire plus de dégâts je suppose. Il n’a même pas besoin de s’inquiéter pour ça, je suis tout à fait capable de le faire seul. De toute façon, cela fait plus d’un an que je me débats avec ce sentiment. Je ne compte plus le nombre de soirée à discuter de lui, sans le nommer, avec Lindiya. Encore moins celles, où seul, je me suis laissé craquer pour évacuer un peu la douleur que j’en éprouve. J’ai déjà été amoureux de quelqu’un, mais je n’ai jamais ressentis quelque chose d’aussi fort que pour Daisuke-kun.

C’est paradoxal, de l’aimer tellement que j’en ai mal. Pourtant, je ne changerai pas le moindre iota à tout ça.

J’écarquille les yeux, et croise son regard lorsque je sens ses lèvres sur les miennes. A mon tour, mon cœur trébuche. Elles sont douces et légèrement sucrées. C’est tendre, pur et ingénu. Tout me semble plus clair et vivant. Cet instant est si court, et en même temps j’ai la sensation qu’il a duré une éternité lorsque nos lèvres se séparent. Les joues rougis, je soutiens sans peine son regard, un léger sourire aux lèvres.
Ses paroles sont pareils au plus puissant des remèdes. J’ai des papillons dans le creux de mon ventre. Mon cœur est apaisé et pourtant il redouble de force pour battre. Rien, en cet instant, ne me fait plus de bien que ces quelques mots. Je laisse couler les larmes que je retenais jusqu’à maintenant, tout en lui offrant un large sourire. Je lâche son haut d’une main pour essuyer mes yeux, puis je me redresse à un peu à mon tour. Je frotte mon nez au sien avant de sceller une nouvelle fois nos lèvres.

Je me sens bien … à ma place en fait. Je romps notre chaste échange, toujours souriant. Pourtant je ne m’éloigne pas, nos lèvres sont à quelques centimètres d’écarts seulement. Au fond de moi, je sais ce que je veux, ce que je souhaite et qu’importe les risques qu’il faudra braver pour. C’est sans difficulté que je le formule à haute voix.

« Tu ne me perdras jamais Daisuke-kun. Je ferai tout pour que ça n’arrive pas. Je ne veux pas que tu souffres à cause de ça. »

J’ai encore le temps d’y réfléchir, de voir comment faire. Probablement même de l’entendre tenter de m’en dissuader ! Mais tout ça n’a aucune importance, tant que je peux être avec lui. Parce que c’est cela qui compte plus que tout : être heureux avec lui.

Nathan-kun me regarda, un sourire se dessinant sur ses lèvres. Des larmes coulaient sur ses joues, celles qu’il retenait depuis quelques minutes déjà. Il en oubliait presque ses troubles, des doutes et ses craintes. Tant mieux, je me l’avouais pas auparavant, mais il est bien plus magnifique et rayonnant ainsi. Je l’enviais. Parce que moi, pas encore. Tout tourbillonnait dans ma tête. Il y avait toujours mes craintes et d’autres s’en rajoutaient encore. Je lâchais involontairement un rire, plus nerveux qu’autre chose, pendant qu’il essuyait les larmes traitresses. Il se redressa et s’approcha de moi, frottant le nez contre le mien, dans un geste un peu enfantin, mais pas déplaisant. Ses lèvres revinrent vers les miennes et se scellèrent à nouveau dans un baiser. Tout aussi agréable que le premier.

On se sépara à nouveau, mais aucun de nous deux s’éloignèrent. Il devait sentir mon trouble. Il connaissait mes craintes et tenta de les calmer. Tout faire pour ? Parlait-il de devenir… comme moi ? Non, c’est un risque trop gros. Et s’il ne supportait pas la transformation ? Je n’aimais pas ce genre de pari. Encore moins avec ce que je supposais. Parce qu’il y avait toujours ce problème épineux. Celui de ses parents, de cette secte. Mon instinct me criait Renfield. Mais j’avais toujours l’espoir que ça soit autre chose.

Instinctivement, je resserrais ma prise autour de sa taille, le plaquant doucement contre moi. J’enfuis mon visage dans son coup, humant son odeur, profitant de sa chaleur. Je commençais à laisser aller tout ce que je retenais en moi. Le cadenas qui retenait tous, il venait de l’ouvrir. Il en possédait la clé.

Daisu ▬ « On a encore du temps avant ça. On pourra en reparler plus tard. »

Cette envie de ne pas le perdre, de m’attacher à lui glissait déjà dans mes veines depuis quelques semaines, quelques mois même. Mais ce soir, elle se faisait plus forte que tout. L’idée de l’avoir pour l’éternité avec moi était terriblement alléchante. Mais aussi terriblement orgueilleuse. J’avais l’impression qu’une petite voix me soufflait délicatement « Pourquoi pas ? » dans mes oreilles. Mais je n’oubliais pas non plus le calvaire que j’avais vécu après cette fatale morsure qui m’avait sauvé la vie. Je n’avais pas envie qu’il vive ça. Clairement, je ne supporterai pas de le voir souffrir. Encore une fois, cela faisait un moment déjà que c’était là. J’étais un con qui ne pouvait pas s’empêcher de s’attacher à quelqu’un, mais quand il essayait. Foutu cœur qui ne retenait pas la leçon. Foutus sentiments qui ne se commandaient pas. Ceci dit, ce n’était pas le cadet de ses soucis, encore.

Daisu ▬ « Je voudrais… Juste une chose avant tout. »

Parce que je n’arrivais pas à être serein. Parce que cette soirée n’était qu’une succession d’ascenseurs émotionnels. Parce que l’idée même qu’il soit possiblement aussi proche de Renfield me hérissait totalement le poil. Et que si jamais quelqu’un tentait de venir le chercher, je n’étais pas sûr de pouvoir me contrôler.

Daisu ▬ « Ce que tu m’as raconté… Je sais que cela t’inquiète. Et… ça m’inquiète aussi. Ça fait un moment que je m’inquiète pour toi, même si je voulais pas me l’avouer. Parce l’avouer, c’était avouer que je tenais plus à toi que je ne le voulais… »

J’étais vraiment irrécupérable quand je le voulais…

Je laisse Daisuke-kun me serrer un peu plus contre lui et enfouir son visage dans mon cou. Je sens son souffle chaud contre ma peau, sa chaleur contre moi. J’entends ses paroles et souris. Bien sûr que l’on a du temps avant cela et qu’on pourra en reparler. Cependant de mon côté c’est déjà tout vu. Pour lui, je prendrai tous les risques possible. Cette option, était la plus viable de toute. On ne serait pas séparer, jamais. Ni par le temps, ni par une race.
Peut-être que je ne mesure pas encore tous les sacrifices que ce choix va engendrer pour moi. Ce n’est pas comme si je n’allais pas prendre le temps de découvrir toutes les facettes. Surtout que je ne doute pas que Daisuke-kun allait mettre un point d’honneur à ce que je sois bien au courant de tout. Je sais déjà que ça impliquera d’accepter, un jour, de perdre ma famille biologique, lorsque je l’aurai enfin rencontré. Mais d’ici là, j’espère bien avoir des années devant moi pour partager de bons moments avec.
Le silence nous enveloppe, mais ce n’est pas désagréable. Je crois que je pourrai passer des heures ainsi dans ses bras sans jamais me lasser.

Je sens qu’il n’est pourtant pas serein. Que quelque chose continue de l’inquiéter. Peut-être est-ce seulement dû à la situation actuelle ? Ou simplement à la somme des émotions ressentis durant cette soirée. Je l’écoute verbaliser sa pensée. J’ignore si elle est complète ou uniquement partielle. Pourtant cela me fait sourire de l’entendre avouer à demi-mot, qu’il était dans le déni me concernant depuis un moment. Il n’imagine pas à quel point cela me fait plaisir de l’entendre.
Je me redresse juste assez pour que son visage puisse à nouveau me faire face. D’une main je caresse sa joie avec douceur, tout en lui souriant tendrement.

« Tu as perdu beaucoup de personne auxquelles tu tenais dernièrement Daisuke-kun. Tu voulais seulement … te préserver en fait. Agir comme tu l’as fait c’était … ta façon de te protéger en refusant de t’avouer que tu étais inquiet pour moi. C’est normal. Personne n’a envie de se faire du mal, ni d’avoir mal. Tu connais la douleur de perdre une personne qui t’es chère, et tu ne veux pas la revivre. Je peux parfaitement le comprendre.

Je suis désolé de t’inquiéter autant. Ce n’est pas ce que je souhaite. Si cela peut te rassurer, un peu au moins, je pensais aller demander de l’aide aux Chevaliers des Ombres pour ce problème. Peut-être que tes chefs auront une solution. Sinon, je vais continuer à ne pas faire de vague et attendre décembre. Et puis, je peux toujours venir me réfugier chez toi maintenant.

Tout ira bien. Tout ira mieux. Je sais que je ne crains rien si je suis avec toi. J’aimerai que tu sois rassuré, heureux aussi. C’est la seule chose qui compte à mes yeux. »

Je pense qu’il suppose déjà mon lien avec cette secte de l’Ordre Renfield, et vu qu’il a certainement plus d’informations que moi sur eux, ça l’inquiète encore davantage. J’espère que savoir que je vais demandé de l’aide à ses supérieurs va le tranquilliser un peu. Le tout va être de trouver, pour moi, le guts de franchir le pas.