Bella notte [20-21/06/2018]

Les mots étaient morts dans ma gorge. Ma crainte était telle qu’ils n’arrivaient plus à sortir. Toutefois, il n’avait pas fallu plus. Il avait parfaitement compris. Il me regarde dans les yeux et une main rassurante caressa ma joue. Ses paroles étaient pleines de clairvoyance. C’était comme s’il lisait en moi comme dans un livre ouvert. Je fis de mon mieux pour ne pas baisser le regard, pour maintenir le contact avec le sien, mais c’était un peu trop compliqué en cet instant. Il était aussi parfaitement compréhensif. Peut-être un peu trop. J’avais un doute. Plus la nuit avançait, plus j’avais l’impression que mes pensées devenaient floues et incohérentes tout en restant parfois très limpides.

Il s’excusa. Je me doutais bien qu’il ne voulait pas m’inquiéter. C’était pas le but. Le fait était là. Ceci dit, il avait déjà pensé à aller trouver les chevaliers. Cela m’arrangeait, plis que c’était justement ce que je voulais lui demander de faire. Senpai aurait une solution, j’en était certain. Je l’espérais de tout cœur. Il comptait aussi faire attention. Et il comptait se réfugier chez moi s’il le fallait. Ses mots m’arrachèrent un petit sourire. Cette situation était tellement niaise. Mais c’était tellement plaisant.

Je relevais la tête, je posais mon front sur le sien. J’avais l’impression d’avoir le cerveau en feu, ce soir. Il était certain qu’il me faudrait une bonne nuit de sommeil. J’éclaircis un peu ma voix, tentant de reprendre paroles. S’il comptait voir les chevaliers, qu’il ait parlé directement au chef. Surtout si c’était aussi grave que je le pensais.

Daisu ▬ « Dans ce cas. Va voir Hermansson Aaren. C’est lui mon senpai. Tu pourras lui dire que tu viens de ma part. Promets-moi juste que tu vas le faire. Parce que, oui, cela me rassurerait beaucoup. Je pense qu’il pourra trouver une solution… Autre que t’enfermer, en tout cas. »

Je posais mes lèvres sur son front avant de dégager mes bras de sa taille. Doucement, je le calais assis sur mes genoux et je me redressais, avant de le prendre dans mes bras. Je nous dirigeais ensuite tous les deux jusqu’au lit. Ah… Oui… Les peluches. Tant pis, on ferait de la place pour être à deux. Je le déposais sur le matelas avant de venir me caler contre lui. On serait bien mieux mis ici pour terminer la nuit. Surtout qu’on devait tous les deux avoir besoin de dormir, après autant d’émotions. Je posais ma tête sur l’oreiller, mon bras autour de sa taille. La position n’était pas des plus confortable. En passant mon autre bras sous l’oreiller, c’était déjà bien mieux. Maintenant installé, j’ancrais mon regard dans le sien en tentant de calmer mon esprit. Ce fut pas compliqué. Il semblait avoir compris tout seul de la manœuvre et il s’écroula soudainement de fatigue.

J’aime voir son sourire, parce qu’il n’est pas uniquement sur ces lèvres, mais aussi dans ses yeux. Je me doute bien que mes paroles ne suffiront pas à effacer ses craintes, qui en plus sont justifiés. Mais qu’est-ce que je pouvais dire de plus ? C’était la vérité, j’envisageais d’aller voir les Chevaliers de Ombres pour ce problème. Même si j’ignorais totalement s’ils auraient une solution pour moi.
Daisuke-kun se redresse et appuie son front contre le mien. Je vois dans ses yeux qu’il a besoin de repos, qu’il est bien plus fatigué encore que je ne le suis. Je le laisse prendre le temps de retrouver sa voix, de trouver les mots pour dérouler son idée. Hermansson Aaren … nous étions donc sur la même longueur de pensée mon divin jack et moi. C’était bien lui que je comptais aller voir. Son senpai … je commence à penser que le monde est petit là. En tout cas, oui une solution où je ne suis pas obligatoirement enfermé serait intéressante. Je lui rends son sourire, ce n’est pas une promesse trop difficile à faire.

« Promis j’irai voir ton senpai, Hermansson Aaren. Je lui dirai que tu m’as conseillé d’aller le voir lui. Et pour l’enfermement … si je suis avec toi ça ne me dérange pas. »

Ses lèvres déposent un baiser sur mon front. Ensuite il me cale sur ses genoux et se redresse. Je le laisse me porter jusqu’à son lit sans résister. J’aime être contre lui, je m’y sens à ma place. C’est tellement étrange de ressentir cela. C’est un peu comme si c’était écrit que je vienne au Japon et que je le rencontre.
Il me pose sur le matelas, au milieu de ses peluches, avant de me rejoindre et de me caler contre lui à nouveau. Je m’allonge avec lui, posant ma tête sur le second oreiller. Son bras autour de ma taille me fait conserver mon sourire. Il a raison, nous sommes tous les deux fatigués. La soirée a été très riches en émotions, tant positives que négatives. On a besoin de repos, de dormir au moins quelques heures avant d’attaquer une nouvelle journée. Je le regarde s’installer confortablement avant qu’il ancre son regard dans le mien.
Il ne lui fallut pas longtemps pour tomber de fatigue. Mes yeux me piquaient aussi et je peinais à les maintenir ouvert. Je dépose un baiser au coin de ses lèvres et passe mon bras autour de sa taille.

« Bonne nuit et dors bien … Dai-kun. »

Je ferme à mon tour les yeux et me laisse emporter par le sommeil.